samedi, octobre 29, 2005

C’est l’ex- de l’autre.

Véronique était « en analyse », comme on dit: aujourd’hui, je regrette de l’avoir rencontrée. Plus généralement, il n’y a rien à tirer des femmes en analyse. Une femme tombée entre les mains des psychanalystes devient définitivement impropre à tout usage, je l’ai maintes fois constaté. Ce phénomène ne doit pas être considéré comme un effet secondaire de la psychanalyse, mais bel et bien comme son but principal. Sous couvert de reconstruction du moi, les psychanalystes procèdent en réalité à une scandaleuse destruction de l’être humain. Innocence, générosité, pureté… tout cela est rapidement broyé entre leurs mains grossières. Les psychanalystes, grassement rémunérés, prétentieux et stupides, anéantissent définitivement chez leurs soi-disant patientes toute aptitude à l’amour aussi bien mental que physique ; ils se comportent en fait en véritables ennemis de l’humanité.

Impitoyable école de l’égoïsme, la psychanalyse s’attaque avec le plus grand cynisme à de braves filles un peu paumées pour les transformer en d’ignobles pétasses, d’un égocentrisme délirant, qui ne peuvent plus susciter qu’un légitime dégoût. Il ne faut accorder aucune confiance, en aucun cas, à une femme passée entre les mains des psychanalystes. Mesquinerie, égoïsme, sottise arrogante, absence compète de sens moral, incapacité chronique d’aimer : voilà le portrait exhaustif d’une femme « analysée ».

Extrait de « Extension du Domaine de la Lutte »
par Michel Houellebecq, p 103-104.

jeudi, octobre 27, 2005

Dans l’urinoir.

Ils étaient là, nombreux. Une belle rangée d’urinoirs, au moins dix-huit me faisaient front, prêts à satisfaire les besoins masculins. Il n’y avait pas un chat, ce qui est assez normal dans les toilettes, me direz-vous. Mes pas résonnaient dans cette pièce comme dans un vaste parking désert. Clac clac clac…

Mon dévolu se pose sur l’urinoir de gauche : il a l’air tranquille et propre. Sur celui-là au moins, pas de poils qui collent, ni de gouttes d’urine au sol. Aurez-vous noté la rime au passage ? Ce choix me semble à priori judicieux et je m’en réjouis d’avance. Mais à peine avais-je eut le temps de défaire ma braguette que voilà un individu qui se campe juste à côté de moi. Crétin. Il y a dix-sept place libre,
alors pourquoi ce blaireau vient-il juste à côté de moi?

Voilà le résultat: c’est terminé, tout d’un coup, je n’ai plus besoin. Je suis bloqué. C’est toujours la même histoire. Mais pourquoi ?

mercredi, octobre 26, 2005

Linguisme.

Hier, mon collègue Rajiv et moi nous sommes rendus dans un excellent restaurant Italien appellé « Vernona » à Toronto, Canada. Bonne ambiance, service cordial, excellente cuisine pleine de raffinement : on est loin des USA !

C’est alors que la charmante serveuse nous avous que ses parents sont quebequois, et que dès lors, elle parle Français également. Outre l’accent, les expressions et les mots sont parfois très différents. C’est alors que me vint l’indée de vérifier quelque chose que j’avais entendu il y a bien longtemps…


Je lui demande la signification du mot « gosse », dans le sens « j’ai des gosses » par exemple. Et bingo, voilà que c’est vrai : pour eux, les « gosses » sont des « couilles ». Imaginez ainsi la conversation entre un Quebequois et un Français disant :


  • Je suis parti en vacances avec mes gosses.
    (encore heureux !)
  • J’attends mon troisième gosse.
    (trop de radioactivité nuit à la santé.)
  • Ces gosses sont ceux de ma sœur.
    (quelle famille de travelos !)
  • Mes gosses ont bien grandi depuis la dernière fois.
    (Mhhh, intéressant)
  • J’ai laissé mes gosses chez ma belle-mère.
    (Ca doit faire vachement mal…)
  • Ma femme avait déjà ses deux gosses quand on s’est rencontrés.
    (Ah, ta femme est un homme ?)
  • Tiens, voilà une photo de mes gosses.
    (Non, par pitié !)

mardi, octobre 25, 2005

Au XXIe siècle.

L’autre jour, je regardais un film tout en sirotant peinard un petit vin Chilien, un « Undurraga ». Un des acteurs, faisant la morale à l’autre, s’exclame que dans la société actuelle on se retrouve bien souvent à « faire un travail qu’on aime pas pour s’acheter des choses dont on a pas besoin. »

C’est troublant de vérité, et ça donne matière à méditer.

La petite histoire du gros boudin.

Des histoires, je pourrais en raconter des tas. Je suis de ceux qui ont une imagination débordante, à tel point que parfois, j’en suis moi-même très surpris. Einstein disait que « l’imagination est plus importante que la connaissance », et sur ce point comme sur d’autres, je partage son avis.

C’est ainsi que cette nuit, je me suis surpassé. J’étais à une soirée branchée chez des amis. L’ambiance allait bon train, il y avait des hommes et des femmes, et tout le monde était assez élégant. Une ambiance new yorkaise y régnait : demi pénombre et mobilier design. Quelques lumières multicolores déposaient une pellicule sensuelle sur tout cet enchevêtrement de courbes et de droites. Les boissons diverses coulaient bon train, et j’étais allongé sur une sorte de méridienne. A côté de moi, nombre de cocktails aux noms exotiques n’attendaient que ma soif. J’étais calme et serein, et la dernière des choses dont j’avais besoin, c’est qu’on vienne me casser les couilles.


Allez savoir pourquoi, l’histoire ne le dira pas, mais c’est justement à cet instant qu’une espèce de salope commence à venir se trémousser près de moi. Du genre boudin, elle me rappelait ma belle-sœur dont la seule chose intéressante était son piercing sur la langue. Non pas que cela soit beau, mais il paraît que ça donne aux hommes des sensations « inédites » lors de la fellation. Je n’ai jamais essayé, mais je dois avouer que je suis très curieux. Presque demandeur.


Nous en étions donc à cette brave fille, avec son air un peu gauche et l’œil bovin. C’est sans appel : elle ne transpire pas d’intelligence. Certains auraient pu, j’en suis sûr, lui trouver un air pulpeux. Bien en chair, son cadavre décapité pourrait bien présenter quelque attirance pour un nécrophile aguerri. Nous n’en étions pas encore là. Elle entame à mon grand regret sa « danse de la séduction », si l’on peut parler ainsi, car à mon humble avis nous étions loin de la définition que je connais de « danse » et de « séduction ».


Comme si cet affligeant spectacle n’était pas encore suffisant, voilà qu’elle m’adresse la parole. Probablement voulait-elle lier le contact avec d’autres humains d’apparence normale ? Pour être franc, je ne me suis même pas donné la peine d’écouter, j’ai juste compris qu’elle s’appelait Maria. Ce n’est pas un très joli prénom, me dis-je. Dans ces soirées, la musique hurlante est certes une barrière qui nuit à la bonne communication, mais mon désintérêt pour cette morue l’était encore plus. Je me contente de la regarder sans répondre, un petit sourire narquois sur mes lèvres, et je la laisse me raconter on-ne-sait-trop-quoi.


Et c’est là que la surprise se produisit. Son corps qui s’était lentement approché du mien fit un bond afin de me présenter son intimité. Carrément. Sa petite jupe, en dessous de laquelle elle ne portait rien, m’offrait une vue plutôt inhabituelle – du moins chez une parfaite inconnue.


C’est alors que, continuant son approche en position pliée, j’aperçois comme de petites limaces, ou des petits asticots – on ne voyait pas très bien, tout autour de sa chatte. Ca grouille, il y en a des dizaines, leur petite tête fièrement dressée, ils se dandinent en rythme tandis qu’elle se touche. Je suis pris d’un violent dégoût, et je file en courrant. Mais où suis-je tombé ? Que s’est-il passé ? Je n’avais même pas eu le temps de boire tous mes cocktails. Pur gâchis…


Je saute dans ma voiture, et je m’éloigne de cet endroit à plein pot. Dans l’empressement je n’aurais pas salué mes amis, mais dans fond ce n’est pas trop grave. Arrivé chez moi, je jette tous mes vêtements jusqu’à me retrouver nu, puis m’inspecte. Mon corps est lui aussi recouvert de petits tubes, comme vivants, que je n’ai jamais vu avant. Je n’ai aucune idée de ce que c’est. Ils ressemblent à des petites pennes, mais vivantes et donc nettement moins appétissantes. Elles tombent par terre, bougent, avancent. C’est une vision répugnante et je perds conscience. Mais où suis-je ?

vendredi, octobre 21, 2005

La dernière.

Hier, la larme à l’œil, j’ai fait ma toute dernière sortie de la saison avec la MG. La température tombe en deçà des seize degrés, tandis que la pluie et les nuages pointent le bout de leur nez tout froid. L’hiver arrive. C’était le moment où jamais de sortir mon monstre rouge ! Avec en prime, une petite photo pour immortaliser le moment.

Peut-être devrais-je y joindre un fichier son qui vous permettrait d’apprécier le bruit du moteur ? Aussitôt dit, aussitôt fait... cliquez ici pour écouter. Avec son admission directe et sa cartographie optimisée, la bête ne fait pas vraiment un bruit de voiture de papy.

Cela dit, ça tombe très bien : je ne suis pas un papy.

mardi, octobre 11, 2005

Le petit grain de sable.

Il est des soirées qui parfois sont à oublier. Il y a des fois où rester seul chez soi c’est finalement tout à fait désirable. Lorsque plus rien ne va, lorsque tout dérape, on se surprend à rêver de célibat, de calme, de l’onctuosité de son canapé.

Pourtant tout était prévu pour une sacrée soirée, on y était préparé, on l’attendait. Peut-être avait-on des attentes trop ambitieuses? Avait-on encore une fois placé la barre trop haut? Je n’en pense rien. Il y a juste ce petit quelque chose qui coince, cette personne qui ne tourne pas rond et qui fout tout en l’air sans même s’en rendre compte.


Et quand vient l’heure de prendre congé, encore un peu tôt, on se sait comment s’effacer. On ne voudrait pas frustrer, vexer, on voudrait juste partir. Rentrer chez soi, dans un monde sous notre contrôle : celui qu’on trouve toujours juste, qui nous apaise, qui nous convient. Pas un monde pour nous, mais mieux encore: un monde à nous.


Aujourd’hui ce n’était pas moi l’engrenage grippé, mais son grincement m’a vraiment fait mal aux oreilles. Au cœur. Il se fait présent de plus en plus souvent, et je suis inquiet. Combien de temps vais-je encore le supporter?


Douce nuit à vous, et pensez-y : quel que soit le prétexte, ne foutez pas tout en l’air. Il y en a qui sont là pour s’amuser, et si ce n’est pas vous, alors taisez-vous et restez à l’écart.