mardi, février 14, 2006

Meet with the laser.



Regardez cette photo : tel un zombie, j’erre. L’espace de quelques jours, je n’étais plus bon à rien : ni à travailler, ni à lire, ni même à m’occuper de moi. J’arrivais juste à manger et à regarder la télévision. J’étais une sorte d’handicapé volontaire, avec sa petite mentalité d’assisté.

Pathétique situation, mais c’était là le prix à payer pour le plus porter de lunettes ni de lentilles. En effet, mon œil droit a subi une opération au laser « Excimer » ce vendredi.

Donc si vous vous demander ce que je fais chez moi, pas rasé, le teint gris, avec mes lunettes de soleil, alors la réponse est simple : j’attends. Que ça passe. Et jeudi, on recommence pour l’autre œil.

Dans les points positifs : je suis en pleine forme, bien reposé. Aujourd’hui j’ai beaucoup moins mal, donc j’en profite pour mettre mon blog à jour. Ce soir, je vais avec enfants au basket, et peut être avec Fred au ciné, si ça va mieux après la sieste.

jeudi, février 02, 2006

Meet the police.

Il est tard, je suis fatigué. J’ai passé une excellente soirée bien arrosée dans le centre de San Francisco. Une demi-bouteille de vin, quelques bières, dont une Belge du nom de « Saison Dupont » dont je n’avais jamais entendu parler avant. C’est quand même triste, quand on est Belge, de découvrir une bière belge aux Etats-Unis…

Bref, je suis sur retour sur le one-o-one et j’accélère car j’ai hâte d’être dans mon lit. Il n’y a personne sur l’autoroute à cette heure tardive, juste moi. Ma Toyota Avalon fend l’air à environ 100 miles/h. La radio hurle, elle est le petit filon entre ma conscience et moi.

Soudain : lumière. Par n’importe quoi, non : de toutes les couleurs, enfin disons surtout rouge et bleu. Comme une voiture de police. Et c’est bien ce qui est derrière moi, tous feux allumés. Je pense qu’elle va passer sa route, que c’est pour quelqu’un d’autre, qu’elle a une urgence, une femme battue, un crime crapuleux, un accident de la route, une banque à protéger, mais pas du tout : elle me colle au train comme un chewing gum à la fraise dans une belle chevelure bouclée. En d’autres termes, comme on dit ici : « I’m screwed ».

En bon citoyen Européen que je suis, je continue ma route en attendant un signal, une indication claire que je dois sortir où me ranger. Rien. Après une minute, qui me paraît aussi longue que le nouveau testament raconté en détail par Frédéric Mitterrand, je décide quand même de me rabattre sur la voie de détresse. Derrière moi, la flicaille s’arrête elle aussi, tous feux allumés. Un gaillard du genre plus fort que moi descend et se dirige vers ma voiture.

Mentalement, je pense déjà aux excuses que je vais débiter. En même temps, je pense à comment je vais expliquer à mon boss pourquoi j’ai passé la nuit au poste de police… je chasse cette idée de ma tête : logique et méthode, une chose à la fois.

- « Vous roulez à 100 miles par heure. Pourquoi avez-vous attendu aussi longtemps avant de vous arrêter », me demande-t-il ?
- « Bonsoir. Excusez-moi mais j’attendais un signe de votre part pour me ranger. Je suis européen, et chez nous, c’est comme cela que ça fonctionne. Quant à la vitesse, je vous accorde ne pas vraiment avoir fait attention. »
- « D’où venez-vous ? »
- « San Francisco »
- « Qu’y faisiez-vous ? »

Bon, à trois heures du mat, on peut raisonnablement penser que j’étais en train de faire la fête. Inutile de mentir.

- « J’ai passé la soirée avec des amis »
- « Avez-vous consommé des boissons alcoolisées ? »

Nous voilà à la question fatidique. Si je lui raconte que je n’ai rien bu, il pourrait penser que le prend pour un imbécile, ce qui de surcroît est vrai. Si je répondais que j’ai sifflé des choppes et du vin, mon séjour ici risque se prolonger assez désagréablement. Dès lors, j’essaye juste entre les deux :

- « J’ai pris un verre de vin pendant le repas. »
- « La réponse est oui ou non. Avez-vous consommé des boissons alcoolisées ? »
- « … Alors ce sera oui… », répondis-je, un peu acculé.

Et alors que je m’attendais au pire, voilà qu’il décide de me faire passer un test plutôt inhabituel : me braquant sa lampe torche dans la figure, il me demande de suivre son doigt sans bouger la tête. Il fait quelques allers et retours de gauche à droite. Il semble satisfait, me demande mon permis de conduire et les papiers d’assurance, et il se rend ensuite dans le véhicule d’intervention.

Je suis éblouis par la lumière, je ne vois pas ce qu’il fait mais je suis positivement inquiet. Peu après, me rendant mes documents, il me recommande de rouler prudemment jusqu’à ma destination. Pas d’amende. Rien.

De l’avis de ceux à qui j’en ai parlé, ce jour-là j’avais sérieusement le « cul bordé de nouilles ». Je suis d’accord avec eux.